Suite à la réunion d’un comité d’experts concernant l’utilisation d’implants PIP dans l’augmentation mammaire, le ministre de la santé Xavier Bertrand a décidé de proposer un échange systématique de ces implants à toutes les patientes porteuses, et ce qu’elles soient rompues ou non.
Je suis parfaitement d’accord avec cette décision et je tiens à vous en expliquer les raisons:
Il a existé des manquements graves dans les critères de contrôle de qualité de fabrication de l’enveloppe des implants mammaires PIP. Cette enveloppe comporte normalement 3 couches d’élastomère de silicone dont une couche barrière qui permet de limiter le suintement du gel de silicone à travers l’enveloppe de la prothèse. Il semble que les laboratoires PIP ont supprimé cette couche barrière et ne contrôlait pas les qualités de fabrication et de résistance des enveloppes. Ceci se traduit par un taux de rupture anormalement élevé des prothèses évalué entre 15 à 30 % à 5 ans contre moins de 3 % pour des implants valides.
- Ces ruptures sont d’autant plus préoccupantes que le gel de silicone de remplissage utilisé dans les implants mammaires PIP était un gel industriel et non médical. Ce gel ne présente pas les qualités de cohésion des gels médicaux actuels qui fait que malgré une rupture de l’enveloppe, le gel reste stable et ne diffuse pas dans l’organisme. Ainsi, des cas inquiétants de « siliconomes », c’est à dire de diffusion de silicone liquide dans l’organisme (dans les ganglions axillaires, entre les côtes, dans le dos…) ont été décrits.
Le traitement chirurgical de ces « siliconomes » est extrêmement complexe et peut laisser des séquelles aux patientes.
- En revanche, il n’existe pas d’éléments en faveur d’un risque plus élevé de cancer du sein ou de lymphome chez les patientes porteuses d’implants mammaires PIP.
C’est donc bien le risque de « siliconomes » et de leurs séquelles qui motive cette décision.
La balance bénéfice risque est largement en faveur d’une chirurgie de 30 minutes non douloureuse et sans séquelles si l’implant est intact contre une chirurgie de 2 à 3 heures avec des séquelles possibles si l’implant est rompu.
La question de la prise en charge financière est aussi cruciale.
L’assurance maladie va fournir un effort financier considérable pour pouvoir traiter cette crise sanitaire.
Elle va prendre en charge tous les frais liés à l’intervention pour l’échange des implants chez les femmes dont la pose était initialement remboursée (cancer du sein, aplasie mammaire complète, asymétrie).
Pour les femmes dont la pose d’implants a été effectuée à titre esthétique, l’assurance maladie va prendre en charge tous les frais liés à l’ablation des prothèses.
Pour les coûts liés à la pose de nouveaux implants, l’ensemble de la communauté des chirurgiens plasticiens français va se mobiliser pour pouvoir soigner les patientes à moindre frais et le plus rapidement possible.
Les chirurgiens libéraux vont adapter leurs honoraires, notamment s’ils ont opéré les patientes victimes.
Pour les femmes en grande difficulté financières, des salles opératoires vont être spécialement dédiées dans les hôpitaux publics pour effectuer ces changements (notamment à l’hôpital européen Georges Pompidou à Paris ou j’exerce à temps partiel).
Un numéro spécial a été mis en mis en place pour orienter les patientes : 0800 636 636
Pour plus d’informations pratiques, vous pouvez consulter le rapport de la DGS sur le site de l’ANSM